L'Attente

Arfee avait décidé de ne pas travailler aujourd’hui, le chemin du retour avait été long et fatiguant, elle s’était accordée cette journée pour s’en remettre.
Elle avait passé une grande partie de sa journée à visiter le château, et l’autre à se promener dans les jardins.
Tout ça était grand, bien trop grand pour seulement deux personnes.
Elle s’était perdue au moins deux ou trois fois au détour d’un couloir, ne se rappelant plus quel escalier elle avait emprunté.
Sa première maison ne connaissait que deux pièces, facile à nettoyer et difficile de s’y perdre…

En fin de journée, elle avait trouvé la véranda, elle était fatiguée et décida d’y rêvasser quelques instants, surtout qu’elle avait complètement perdu le sens de l’orientation et n’avait pas la moindre idée du couloir à prendre pour retrouver les cuisines.
La douce lumière orangée du coucher de soleil commença à envahir la pièce, elle se laissa bercer par sa chaleur, l’esprit à des questions plus terre à terre, comment entretenir toute cette demeure ? Le ménage lui prendrait toute la journée et encore, elle ne pourrait jamais tout faire en une seule journée, comment continuer à s’occuper de ses vaches ET de l’entretien…
Elle se surprit à espérer la présence de domestiques, l’idée de passer ses journées aux corvées ménagères… Pffff pas son truc du tout...
Bien que l’idée ne la réjouisse pas tant que ça, elle s’était tant moquée de ces nobliautes incapables de tenir une casserole…

Aux lueurs de l’aube, Danton s’était levé, avait ouvert les missives l’attendant sur son bureau et s’en était allé, non sans la gratifier d’un baiser avant son départ, les nouvelles semblaient l’avoir troublé.
Il n’était pas encore rentré, rendant cette demeure bien fade, et vide. Certes elle était somptueuse, mais sans lui, sans aucun intérêt…

Elle se laissa bercer par les derniers rayons de soleil, et sombra petit à petit dans les bras de Morphée…

Réveillée par ce baiser, Arfee s’extirpa des bras de Morphée.
Encore emplies des langueurs du sommeil, elle ne pensa même pas à le houspiller de rentrer si tard.
Elle alla s’installer sur ses genoux, les bras autour de son cou, la somnolence commençant à la quitter, elle retrouvait quelques ardeurs à le titiller.

Se tortillant sur ses genoux, elle lui fit face, petit sourire en coin :

Dis j’espère que t’as pas l’intention de me faire faire tout le ménage !!
T’as vu la taille de cette maison ! J’vais y laisser ma santé moi !!

Il lui répondit en l'embrassant fougueusement avant de lui sourire.

-Qui donc d'autre,sinon toi?

Plissant les yeux de colères, elle le repoussa pour lui faire face.

J'en était sûre!
Tu me prends pour ta bonne...
Tu m'as faite venir pour m'épuiser à la tâche!
Ben puisque c'est ça t'iras manger en taverne ce soir!
Compte pas me voir derriere les fourneaux!

Il l'attira par la taille et lui prit les mains :

-Mais non, je plaisantais! Que jamais je ne te demande quoi que ce soit de ce genre d'être brûlé par Satan!

Elle se radoucit, se refit une place tout contre lui en maugréant.

Tant mieux pour tes bibelots...
J'en aurais cassé la moitié en faisant semblant d'être maladroite pour pas y faire la poussière...

Il éclata de rire :

-Ce que tu peux être coquine toi...

Et il détourna la tête, plein de sous entendus.

Un sourire malicieux apparût sur ses lèvres, le regardant en biais, un regard mutin, elle se pencha sur lui et lui murmura:

Tu n'as encore rien vu...

Puis, comme si de rien n'était, elle se remit sur ses jambes.

Alors, on va manger?
J'ai mon ventre qui grouille, j't'ai attendu pour manger et j'ai une faim de loup maintenant!

Il se leva :

Je te suis.

Elle l'attrapa par la main, et l’entraîna vers la cuisine…

Bon allez on y va, j’ai faim !
Tu vas mettre aussi la main à la pâte, sinon ça va prendre trop de temps !
Puis marquant un temps d’arrêt devant la porte de la véranda, elle se retourna, gênée.

Tu veux bien passer devant ?
Chais pas comment on y va à la cuisine…
Pas arrêté de me perdre, un vrai labyrinthe, t’aurais pas un plan ?
J’voudrais pas rester coincée moi, et qu on me retrouve que des années plus tard…

Il la mena à travers les portes et s'arrêta :

Voilà, nous y sommes

Elle avait pris l’habitude de l’attendre dans la véranda, sa journée se finissant toujours avant la sienne.
Et elle gageait que les choses ne s’arrangeraient pas avec le temps…
Ainsi s’installa dans un fauteuil confortable et laissa son esprit flâner, les derniers rayons de soleil de cette journée la réchauffant, le repas était sur le feu, ne restait plus qu’à attendre son retour.

Et puis non en difinitive, elle allait se délasser un peu, il la trouverait bien...

Ayant demandé aux gardes où était la maitresse des lieux, il la rejoignit à pas feutrés après avoir cueilli un bouquet de fleurs qu'il lui présenta avec un sourire.

Le voyant arriver les bras chargés de fleurs, Arfee se jeta à son cou, manquant de le faire tomber en arrière.
Elle adorait ce genre d'attention le sachant si occupé dans la journée...

Il tomba à la renverse et s'écrasa sur le sofa.

Assise à qualifouchon sur lui elle entreprit de lui raconter sa journée en détail.

Alors ce matin suis allée à la milisse y avait de la place, alors m'y suis inscrite, mais m ont fait marcher tout la journée, sont fous ces gens là...
Mais bon ils payent au jour le jour...

Et toi? Ta journée.?

Etouffé, il répondit avec la respiration saccadée :

Longue, trop longue loin de toi.

Prenant sa tête entre ses mains, elle déposa un baiser sonore et joyeux sur ses lèvres.


Moi aussi tu me manques la journée!
Elles sont bien longues loin de tes bras.
Mais n'y prends pas trop goût aux gentillesses, hein?

Il lui rendit son baiser, soudain pris d'une envie de tendresse.

Elle lui carressait tendrement les cheveux, continuant de le couvrir de tendres baisers.
Tout doucement, tout contre lui, le temps n'avait plus la même emprise.

Il la laissa faire, heureux, tout simplement.